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Kurdistan : « Mein Kampf » s’affiche dans les librairies
La diffusion de publications antisémites et à la gloire d’Hitler au Kurdistan accompagne la montée de l’islamisme dans la région autonome d’Irak.
Des couvertures montrant Adolf Hitler souriant, faisant le salut hitlérien, des traductions de Mein Kampf en arabe et en kurde, des pamphlets dénonçant « le complot juif ». Cette littérature nauséabonde ne se dissimule pas dans une obscure arrière-boutique. Elle s’affiche dans de nombreuses petites librairies et chez des marchands de journaux tout autour de la Citadelle, qui surplombe le centre historique d’Erbil, la capitale du Kurdistan irakien.
Certes, le Kurdistan n’est pas la seule région musulmane à s’intéresser au nazisme. Antoine Vitkine, dans Mein Kampf, histoire d’un livre, révèle qu’en quelques semaines la réédition de l’œuvre de Führer en 2005 s’était vendue à 80 000 exemplaires en Turquie. L’ouvrage figure au catalogue de onze éditeurs dans ce pays. Tout récemment, dans Le Point, François-Guillaume Lorrain, évoquant le livre Djihad et haine des juifs, rappelait que dès la fondation des Frères musulmans en 1928 enÉgypte par Hassan al-Banna, la haine du juif pousse cette organisation islamiste à fraterniser avec les nazis. Elle fait circuler en Égypte et en Palestine des versions arabes de Mein Kampf et des Protocoles des sages de Sion, un faux évoquant le complot juif.
Toutefois, on ne s’attend guère à découvrir au Kurdistan irakien de telles publications. La région autonome professe un islam modéré. Elle a accueilli en masse les chrétiens qui fuyaient Daesh, leur accordant même quelques sièges au Parlement régional. Si la majorité des Kurdes sont sunnites, la région compte aussi des chiites et des yézidis, qui font remonter leur calendrier religieux à près de 7 000 ans. De nombreux reportages montrent des unités féminines de peshmergas – les combattants kurdes – kalachnikovs à la ceinture et cheveux au vent.
En revanche, dans les rues d’Erbil, de Dohuk ou de Kirkouk, on ne croise pratiquement plus que des femmes complètement voilées en noir. « Or, traditionnellement, les femmes kurdes n’étaient pas voilées. Si le gouvernement kurde a accueilli sans problème les chrétiens qui fuyaient Mossoul, je constate une islamisation de la société. J’ai vu récemment des enfants cesser brutalement de jouer avec une petite fille quand ils vont vu qu’elle portait une croix. Je sens une vraie hostilité de la part de certains musulmans à notre égard », déplore sœur Élisabeth, une religieuse irakienne, installée dans le camp de réfugiés d’Ashti, à An Kawah, dans la banlieue d’Erbil.
Dans ce camp, qui accueille 6 000 réfugiés, essentiellement chrétiens, Mgr Petros Moshe, évêque catholique syrien de Mossoul, a pu célébrer le 5 novembre dernier la première messe dans la nouvelle église Notre-Dame de l’Annonciation. Preuve que les minorités chrétiennes ne sont pas brimées par le pouvoir local. Mais Christine Chaillot, auteur de plusieurs livres sur les églises orientales, constate qu’« il y a environ 15 % des Kurdes islamistes au Parlement de la région du Kurdistan irakien », et que cette montée de l’islamiste radical, avec la construction de nombreuses mosquées, « contraste avec la vision assez laïque que certains journalistes donnent à l’étranger de cette région du Kurdistan irakien et de son gouvernement » (*).
Les autorités kurdes ne minimisent pas le problème. Elles ont fait fermer récemment plusieurs radios islamistes particulièrement virulentes. Pas question non plus pour eux de nier que des Kurdes ont rejoint Daesh. « Ne trouve-t-on pas 85 nationalités dans les rangs de l’État islamique ? » constate Dara Barawy, membre du bureau politique du Parti démocratique du Kurdistan. Pour preuve, l’attentat à la voiture piégée contre le consulat américain à Erbil, en avril dernier, qui a fait quatre morts et une vingtaine de blessés, était commandité par un religieux kurde, qui a rejoint « l’ennemi ».
(*) Proche-Orient : le destin incertain des assyriens, chrétiens oubliés entre État islamique et nationalisme kurde.
source :
http://www.lepoint.fr/monde/kurdistan-mein-kampf-s-affiche-dans-les-librairies-08-11-2015-1980065_24.php
Certes, le Kurdistan n’est pas la seule région musulmane à s’intéresser au nazisme. Antoine Vitkine, dans Mein Kampf, histoire d’un livre, révèle qu’en quelques semaines la réédition de l’œuvre de Führer en 2005 s’était vendue à 80 000 exemplaires en Turquie. L’ouvrage figure au catalogue de onze éditeurs dans ce pays. Tout récemment, dans Le Point, François-Guillaume Lorrain, évoquant le livre Djihad et haine des juifs, rappelait que dès la fondation des Frères musulmans en 1928 enÉgypte par Hassan al-Banna, la haine du juif pousse cette organisation islamiste à fraterniser avec les nazis. Elle fait circuler en Égypte et en Palestine des versions arabes de Mein Kampf et des Protocoles des sages de Sion, un faux évoquant le complot juif.
Toutefois, on ne s’attend guère à découvrir au Kurdistan irakien de telles publications. La région autonome professe un islam modéré. Elle a accueilli en masse les chrétiens qui fuyaient Daesh, leur accordant même quelques sièges au Parlement régional. Si la majorité des Kurdes sont sunnites, la région compte aussi des chiites et des yézidis, qui font remonter leur calendrier religieux à près de 7 000 ans. De nombreux reportages montrent des unités féminines de peshmergas – les combattants kurdes – kalachnikovs à la ceinture et cheveux au vent.
En revanche, dans les rues d’Erbil, de Dohuk ou de Kirkouk, on ne croise pratiquement plus que des femmes complètement voilées en noir. « Or, traditionnellement, les femmes kurdes n’étaient pas voilées. Si le gouvernement kurde a accueilli sans problème les chrétiens qui fuyaient Mossoul, je constate une islamisation de la société. J’ai vu récemment des enfants cesser brutalement de jouer avec une petite fille quand ils vont vu qu’elle portait une croix. Je sens une vraie hostilité de la part de certains musulmans à notre égard », déplore sœur Élisabeth, une religieuse irakienne, installée dans le camp de réfugiés d’Ashti, à An Kawah, dans la banlieue d’Erbil.
Dans ce camp, qui accueille 6 000 réfugiés, essentiellement chrétiens, Mgr Petros Moshe, évêque catholique syrien de Mossoul, a pu célébrer le 5 novembre dernier la première messe dans la nouvelle église Notre-Dame de l’Annonciation. Preuve que les minorités chrétiennes ne sont pas brimées par le pouvoir local. Mais Christine Chaillot, auteur de plusieurs livres sur les églises orientales, constate qu’« il y a environ 15 % des Kurdes islamistes au Parlement de la région du Kurdistan irakien », et que cette montée de l’islamiste radical, avec la construction de nombreuses mosquées, « contraste avec la vision assez laïque que certains journalistes donnent à l’étranger de cette région du Kurdistan irakien et de son gouvernement » (*).
Les autorités kurdes ne minimisent pas le problème. Elles ont fait fermer récemment plusieurs radios islamistes particulièrement virulentes. Pas question non plus pour eux de nier que des Kurdes ont rejoint Daesh. « Ne trouve-t-on pas 85 nationalités dans les rangs de l’État islamique ? » constate Dara Barawy, membre du bureau politique du Parti démocratique du Kurdistan. Pour preuve, l’attentat à la voiture piégée contre le consulat américain à Erbil, en avril dernier, qui a fait quatre morts et une vingtaine de blessés, était commandité par un religieux kurde, qui a rejoint « l’ennemi ».
(*) Proche-Orient : le destin incertain des assyriens, chrétiens oubliés entre État islamique et nationalisme kurde.
source :
http://www.lepoint.fr/monde/kurdistan-mein-kampf-s-affiche-dans-les-librairies-08-11-2015-1980065_24.php
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