Lu en Presse : « La bible raciste qui a inspiré le tueur d’Oslo »

The Turner Diaries. Rien à voir avec Les Confessions de Nat Turner, le chef d’oeuvre antiesclavagiste de William Styron. Ce livre, paru en 1978 aux Etats-Unis, a sans doute contribué à forger l’idéologie d’Anders Behring Breivik, le responsable de l’attentat d’Oslo et du massacre d’Utoya. Son auteur, William Luther Pierce, y raconte le destin d’Earl Turner, un « héros » devenu martyr après avoir éliminé, avec un groupuscule devenu de plus en plus important, les populations noires et juives du pays, et rétabli la suprématie blanche. Pierce, décédé en 2002, était le dirigeant du parti néo-nazi National Alliance. Ce roman d’anticipation, ouvertement raciste et antisémite, est considérée par le FBI comme « une bible de la droite raciste » depuis les attentats d’Oklahoma City, commis par Timothy McVeigh en 1995. Il a été retrouvé sur McVeigh, dûment annoté, au moment de son arrestation.

The Turner Diaries, signé du pseudonyme « Andrew McDonald », 1978.

Domaine public

Les Turners Diaries, une référence raciste

Les Diaries sont une des références du forum néo-nazi suédois auquel participait Breivik. Selon la fondation Expo, observatoire suédois des mouvances d’extrême-droite, les discussions y ont pour thème « tout ce qui va de la suprématie blanche […] jusqu’aux stratégies politiques pour écraser la démocratie ».
Pour Jonathan Kay, collaborateur de plusieurs journaux américains (The New York Post, Reader Digest…), la filiation entre Breivik et les Diaries est patente. ll considère que le manifeste de Breivik 2083 – A European Declaration of Independence, est calqué sur eux: « Comme Breivik, le terroriste de Pierce était un faiseur de bombe artisanales qui a attaqué un immeuble avec une bombe dissimulée dans une voiture » […] « Pierce a fait de Turner un patriote révolutionnaire, qui s’attaque à un gouvernement qui veut trahir les races ». A la différence près que, depuis 1978, les méchants de l’histoire ont changé. Selon Kay, il suffit de remplacer dans le texte de Pierce « noirs » et « juifs » par « musulmans » pour obtenir celui de Breivik.

Epurer la « race blanche »

Les Turner Diaries détaillent les modalités de la guerre contre les « non-blancs », mais justifient aussi le fait de faire des victimes « blanches » au nom de l’épuration psychologique de la « race ». Pour l’historien spécialiste de l’extrême droite Stéphane François « la seconde partie « romancée » de 2083, dans laquelle Breivik détaille son action et prévoit des peines pour les « traîtres », est très proche des Diaries. Pour lui, les deux livres « peuvent être vus comme des vade-mecum pour terroristes camouflés en « romans ». »
Les Turner Diaries sont interdits en France depuis le 21 octobre 1999 pour leur « nature à causer des troubles à l’ordre public en raison de l’apologie du racisme, de l’antisémitisme et du recours à la violence ».   »