[:fr]30/04/2012 – Des tombes, notamment celles de harkis, et un mur du carré musulman du cimetière de Carros (Alpes-Maritimes) ont été dégradés par des inscriptions à caractère raciste et politique, a-t-on appris lundi auprès du parquet de Grasse et du maire de cette commune proche de Nice.
Des croix gammées à l’envers ont été retrouvées sur neuf tombes musulmanes et les inscriptions « Arabe dehor » (sic) et « Vive Le Pen » ont été tracées à la bombe rose fluo sur un mur du carré musulman, a précisé à l’AFP le procureur de la République de Grasse, Jean-Michel Cailliau.
« C’est la première fois que ça arrive sur notre commune », a réagi le maire (PS) Antoine Damiani, disant sa « stupéfaction » et sa « colère ». La mairie entend porter plainte, selon lui.
Le secrétaire d’Etat aux Anciens Combattants Marc Laffineur s’est rendu sur place dans l’après-midi, qualifiant ces dégradations d’ »intolérables ».
« S’attaquer à la tombe d’anciens combattants, c’est s’attaquer à la France, c’est méconnaître l’histoire des harkis qui (lui) ont tant apporté », a-t-il déclaré après s’être recueilli devant les sépultures dégradées.
« Mon père aimait la France, a témoigné Georges Messaoud, fils d’un harki dont la tombe a été dégradée. Après son décès l’an dernier, cette profanation, c’est une souffrance supplémentaire. »
Au premier tour de l’élection présidentielle, la candidate du FN, Marine Le Pen, est arrivée en tête du scrutin, avec 27,12% des voix, devant ceux de l’UMP (26,97%) et du PS (22,27%), dans cette commune socialiste de 11.000 habitants qui ne connaît pas de tensions particulières.
Interrogée par l’AFP, Lydia Schénardi, secrétaire départementale du FN, s’est dite « choquée » par les faits. Elle a estimé que ce ne pouvait être « l’oeuvre de gens du FN car ce serait vraiment stupide de notre part de faire quelque chose qui ne peut que nous porter préjudice » alors que le parti « devient respectable » et est « sollicité par les deux candidats en lice » au second tour de la présidentielle.
« Ca peut être (l’oeuvre de) jeunes de banlieue, ça peut être télécommandé par des candidats ou des élus qui essayent de jeter l’opprobre sur le FN… », a-t-elle avancé.
Le PCF départemental a qualifié ces actes d’ »odieux, infâmes et racistes », tandis que la fédération départementale PS estimait qu’ils étaient « les symptômes du climat pourri de cette fin de campagne présidentielle ».
Eric Ciotti et Christian Estrosi, députés UMP des Alpes-Maritimes, ont également fermement condamné ces dégradations. « De tels actes ne sont pas rattachables au contexte politique » actuel, a cependant estimé M. Ciotti.
Joint par l’AFP, Abdallah Zekri, président de l’Observatoire contre l’islamophobie, rattaché au Conseil français du culte musulman, a « déploré » des « actes lâches portant atteinte au vivre ensemble », tandis que SOS Racisme a exigé que tout soit « mis en oeuvre pour retrouver les auteurs de ces actes odieux » et dénoncé « la stigmatisation récurrente de la communauté musulmane et le climat de violence entretenu volontairement dans le débat présidentiel par de nombreux responsables politiques, propices à de tels passages à l’acte ».
L’enquête pour « violation de sépultures avec la circonstance aggravante qu’une communauté est visée en raison de son origine ethnique et de sa religion » a été confiée à la gendarmerie. Le ou les auteurs des faits encourent cinq ans d’emprisonnement et 75.000 euros d’amende.
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