« Cours, camarade, le vieux monde est derrière toi ! », écrivaient-ils sur les murs…
Pas sûr que le monde nouveau, qui a émergé avec l’avènement d’Internet, aurait comblé les espoirs des manifestants de Mai 68. Devenus virtuels, les murs se couvrent d’injures, souvent anonymes, et il devient donc impératif de réfléchir à l’impact de la révolution numérique sur notre vie en société.
En ce début de mois de mai, l’association Respect Zone lance donc une campagne de sensibilisation contre la haine en ligne en reprenant certains des slogans devenus mythiques de la « révolution » de Mai 68.
L’occasion de rappeler que le respect des libertés individuelles prôné lors des événements de Mai 68, et auxquelles tout un chacun demeure attaché, ne saurait s’affranchir de règles minimales de vivre-ensemble et de tolérance à l’égard d’autrui.
Internet est devenu un prolongement de l’espace public, accessible partout et à grande échelle, et l’on ne peut que se féliciter de l’existence d’un tel outil d’échange.
Mais, s’agissant désormais d’un volet à part entière de nos démocraties, où chacun peut exprimer librement ses opinions, il n’est plus possible de se soustraire dans le monde virtuel aux règles qui prévalent dans l’espace public « réel ». Si le constat est largement partagé, les moyens à mettre en œuvre sont difficiles à trouver, face à un nombre de publication foisonnant.
La campagne lancée par Respect Zone vise ainsi à encourager à respect la Charte de l’association pour l’auto-modération et pour la liberté de l’expression non violente. La campagne « Interdit d’interdire de se respecter en ligne rappele la gravité des conséquences de la cyberviolence et la fermeté avec laquelle elle doit être traitée. La responsabilité de chaque citoyen-internaute dans la lutte contre la haine en ligne est en jeu pour préserver la capacité à l’expression libre et démocratique en ligne à l’heure du débat sur la proposition de loi Avia au sujet de la lutte contre la haine en ligne.
Christine Waldeman, la directrice artistique de la campagne pour Respect Zone, nous en dessine les contours : « lorsque l’association Respect Zone m’a proposé de réutiliser les affiches et slogans de Mai 68, j’ai été saisie par leur actualité. Mon rôle a été de les réaliser tout en restant fidèle à l’esprit de Mai 68, et à son style inspiré de l’école des Beaux-Arts. L’art au service de la lutte contre les cyberviolences, c’est inspirant pour les générations futures »